Au lieu de la gelée, une chaleur stagnante après le soleil de la journée, la nuit était comme un marécage tiède.

Biographie de l'écrivain Knut Hamsun ---------------------------------------

 

Le véritable nom de Knut Hamsun est Knut Pedersen. Il est né en 1859 dans le centre de la Norvège, à Garmostraeet, près de Lom dans la vallée du Gudbrandsdal, et est mort en 1952 à Nörholm, près de Grimstad.

Ses parents déménageant dans le Nord alors qu'il avait trois ans, c'est ainsi dans le Nordland que Knut Hamsun a passé son enfance et son adolescence, à Hamarøy, en face des Lofoten.

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Il écrit sa première fiction en 1877, avant de s'installer à Christania (Oslo). Il s'exile en Amérique en 1882, revient au bout de deux années, pour s'exiler de nouveau en 1886, avant de revenir en Europe et de se fixer à Copenhague.

Il publie diverses choses lors de ses séjours en Scandinavie, mais sans grand succès. En 1884 il rencontra Mark Twain et publia un article sur lui, signé Knut Pedersen Hamsund. L'imprimeur oubliera le D final et l'auteur conservera ce nom.

Il dira à propos de sa vie : "J'ai été maître d'école, cantonnier, garçon de boutique et portier en Norvège, travailleur agricole, conducteur de tramway, employé de commerce et parfois conférencier en Amérique".

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Autodidacte, il écrit alors son premier roman, "Faim" ("Sult"), qui dès sa parution en 1890 lui amène une très grande renommée. Ce livre raconte les déboires d'un écrivain souffrant de la faim en raison de son difficile statut d'artiste, combinant lyrisme et mélancolie, décrivant les affres et les tourments d'un homme jouant avec la création et la folie.

Il continue alors d'écrire, particulièrement influencé par Nietzsche, qu'il interprète comme beaucoup d'artistes nordiques comme un refus du monde moderne.

C'est l'époque de "Mysterier" ("Mystères", paru en 1892), ainsi que de "Pan" ("Pan", paru en 1894) écrit la première année de son passage à Paris (1983-1895, au 8 rue de Vaugirard), ville où il rencontre Strindberg.

Après être rentré en Norvège il s'essaie à l'écriture de pièces, n'aboutissant pas vraiment. Il se marie en 1898 à trente-neuf ans à Bergljot Bech, vingt-deux ans. Il écrit "Victoria" au début de ce mariage. C'est également le nom que prendra leur fille.

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Il vit en 1900 en Finlande, où il rencontre les plus grandes figures de la culture finlandaise (qui eux aussi soutiendront par la suite politiquement la réaction contre la révolution) : Albert Edelfelt, Akseli Gallén-Kallela, Juhani Aho, Alexander Slotte, Jean Sibelius et Robert Kajanus.

De la Finlande où il passe son temps à côtoyer les artistes et à boire avec eux, il voyage en Russie et en Turquie. Il s'installe ensuite à Copenhague et divorce en 1906.

Cette même année paraît le premier volet d'une trilogie : "Under Høststjaernen", "Sous l'étoile d'automne" (suivi plus tard de "Un vagabond joue en sourdine" et "La dernière joie".)

En 1909 il rencontre et se marie avec Marie Andersen, une actrice (de vingt-trois ans moins que lui). En 1911 il quitte la scène littéraire pour s'installer dans une ferme à Hamarøy dans le Nordland. Son point de vue de retour à la terre s'exprime dans le roman "Markens Grøde" (grosso modo "Les fruits de la terre") paru en 1917.

Il achète par la suite une ferme près de Grimstad dans le sud de la Norvège, où il restera avec sa femme jusqu'à sa mort.

Knut Hamsun obtient alors le prix Nobel de littérature en 1920.

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Knut Hamsun a alors des problèmes psychologiques et entreprend de suivre une psychanalyse. Il publie entre autres une trilogie : "Landstrykare" ("Les Vagabonds") (oeuvre formidable ayant un grand succès), "August" ("August le marin") et "Men livet lever" ("Mais la vie vit" sorti en France sous le nom de "Mais la vie continue").

Les années 1930 sont celles d'une grande effervescence sociale. La situation politique était également fortement polarisée en Norvège, et à l'opposé des écrivains soutenant l'U.R.S.S., Hamsun soutient l'Allemagne par élitisme nietzschéen et par haine farouche de l'Angleterre (considée comme patrie du commerce).

Il soutient ainsi la variante norvégienne du parti national-socialiste et s'efforce de faire transparaître des idées pro-allemandes dans ses romans, mais sans faire preuve d'antisémitisme, son racisme visant simplement les Sames (Lapons) et restant ambigu.

Lors de l'invasion de la Norvège par l'Allemande il soutiendra logiquement les Allemands malgré ses 80 ans, même si son pangermanisme est troublé par la violence allemande. Il affirme entre autres aux Norvégiens : "Nous sommes tous des Allemands" et : "Norvégiens! Jetez vos armes et rentrez à la maison. Les Allemands se battent pour nous tous et brisent maintenant la tyrannie de l'Angleterre sur nous et tous les neutres".

Mais Hamsun ne voit pas que les nazis ne sont pas anti anglais (Rudolf Hess se parachute en Allemagne pour prôner une alliance) comme il l'entend, et le trouble grandira après sa rencontre avec Hitler, qui tourne mal en raison de la mise en avant par Hamsun d'un nationalisme norvégien et d'attaques brutales contre le gouverneur allemand de la Norvège. Il donnera néanmoins lors de cette entrevue sa médaille du prix nobel à Josef Goebbels.

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A la fin de l'occupation allemande Hamsun est par conséquent considéré comme un traître dans son pays, d'autant plus qu'après la mort du Führer il trouve le moyen de faire un nécrologie en soixante-dix mots de Hitler.

Il y dit entre autres : "C'était un guerrier, un guerrier pour l'humanité, et un prophète de l'évangile de la justice pour toutes les nations".

Le gouvernement le considère comme sénile et tente de l'intégrer dans un hospice puis une clinique psychiatrique, où le professeur Gabriel Langfeldt affirme que Hamsun souffre "d'un affaiblissement généralisé de ses facultés mentales".

Il publie alors en 1949 "Paa Gjengrodde Stier" (grosso modo "A propos de sentiers où l'herbe a repoussé") où il raconte son procès après la guerre.

Hamsun meurt le 19 février 1952.

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Hamsun fait partie de ces auteurs du début du XXème siècle qui placent l'individu au centre de grands questionnements sur le monde, mettant en avant un individu à la fois faible et fort, capable de raisonner et faisant preuve d'une sensibilité extrême.

A ce titre Hamsun se rapproche clairement de Klaus Mann, Robert Musil ou encore Halldor Laxness.

Mais à la différence de ceux-ci qui choisissent le communisme, Hamsun choisit le fascisme, de la même manière que Drieu La Rochelle.

Comme Drieu La Rochelle, Hamsun refuse d'assumer un choix politique qui ne soit pas romantique aventuriste.

Hamsun met en avant la fuite du monde moderne, ou au contraire l'influence de celle-ci sur la société traditionnelle norvégienne. Il remet en cause l'industrialisation - le progrès - pour réaffirmer le romantisme d'une vie en harmonie avec la nature.

En ce sens ce romantisme se rapproche clairement des thèmes mis en avant par le fascisme allemand, en lequel Hamsun a cru se reconnaître. Hamsun mettra d'ailleurs en avant le patriarcat de la société paysanne traditionnelle, bien qu'il exprime également paradoxalement l'impossibilité pour celui-ci de se maintenir, ce qui rappelle le mot de Friedrich Engels au sujet de Balzac:

"le fait que Balzac ait été ainsi contraint à agir contre ses propres sympathies de classe et contre ses préjugés politiques, qu’il ait reconnu le caractère irréversible de ses chers aristocrates et qu’il les ait représentés comme des hommes qui ne méritaient pas un sort meilleur, qu’il ait vu les hommes de l’avenir là où il était seul possible de les trouver, voilà ce que je considère comme un des plus grands triomphes du réalisme et un des traits les plus grandioses du vieux Balzac " (Lettre à Miss Harkness, avril 1888).

Il est ainsi le plus grand paradoxe, ou la preuve de la grandeur de Hamsun, que ses derniers romans se focalisent sur un personnage aventurier, August le marin, homme ouvert et attachant ayant voyagé à travers le monde entier, et tentant d'amener le progrès inévitable en Norvège.

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